Les Épiscopaliens invités à soutenir les opposants à l’oléoduc, à participer à la mobilisation

de Mary Frances Schjonberg
Posted Sep 7, 2016
Les manifestants contre l'oléoduc de Dakota Access dénoncent la menace que selon eux représente l'oléoduc. Photo : Pas de Dakota Access dans le Territoire du Traité - Camp Sacred Stones

Les manifestants contre l’oléoduc de Dakota Access dénoncent la menace que selon eux représente l’oléoduc. Photo : Pas de Dakota Access dans le Territoire du Traité – Camp Sacred Stones

[Episcopal News Service] À la suite de sa déclaration du 25 août de soutien à la manifestation contre l’oléoduc de Dakota Access, l’Évêque Primat Michael Curry invite les Épiscopaliens à soutenir le ministère du Diocèse du Dakota du Nord auprès des opposants.

Selon l’Évêque Curry et d’autres membres du personnel de l’Église épiscopale, ce soutien peut prendre la forme d’une aide immédiate pour les frais encourus dans les trois camps d’opposants, au sein ou à proximité de la réserve Sioux de Standing Rock et des actions de défense qui peuvent être réalisées pour défendre les intérêts des opposants.

Les organisateurs indiquent qu’ils ont un besoin urgent de toilettes mobiles et de conteneurs rouliers pour les ordures. Leurs dépenses sont pour la nourriture qui est préparée sur place, les soins de santé et l’essence pour atteindre le site éloigné, qui est devenu plus difficile d’accès en raison du barrage placé sur la grand-route par les forces de l’ordre. Les paroisses et les congrégations locales fournissent les ressources matérielles et spirituelles nécessaires pour soutenir les opposants et sont à leur tour soutenues par le diocèse.

« Nous constatons la résistance des opposants de Standing Rock et, comme l’a dit l’Évêque Curry, nous sommes appelés à nous battre à leurs côtés pour notre bien à tous  » nous dit Heidi Kim, missionnaire de l’Église épiscopale pour la réconciliation raciale. « En tant que Chrétiens, je crois que nous pouvons démontrer notre solidarité en aidant le clergé et les congrégations du Diocèse épiscopal du Dakota du Nord à leur apporter soins et soutien pastoraux. Ils s’occupent activement des besoins physiques et spirituels immédiats des protestataires et ils ont besoin de notre aide ».

Les dons financiers sont acceptés par le diocèse, selon le Révérend John Floberg, chanoine missionnaire pour la communauté de l’Église épiscopale de la réserve de Standing Rock qui est au service de trois congrégations dans la partie de la réserve se trouvant dans le Dakota du Nord, à savoir St. Luke à Fort Yates, St. James à Cannon Ball et Church of the Cross à Selfridge. « De l’argent, c’est ce qui est le mieux » ajoute-t-il « car nous pouvons tout acheter ici ou payer ici les factures ».

Les dons peuvent être adressés au diocèse par le biais du bouton « donate » qui figure sur sa page Web, en indiquant en référence « Standing Rock » ou « NODAPL ». Ils peuvent également être envoyés par courrier au diocèse à l’adresse suivante : 3600 25th St. South, Fargo, ND 58104.

Le Révérend John Floberg se tient à côté du drapeau de l'Église épiscopale qui a été ajouté aux drapeaux d'autres organismes et tribus qui participent aux manifestations contre l'oléoduc de Dakota Access. Photo : Page Facebook de John Floberg.

Le Révérend John Floberg se tient à côté du drapeau de l’Église épiscopale qui a été ajouté aux drapeaux d’autres organismes et tribus qui participent aux manifestations contre l’oléoduc de Dakota Access. Photo : Page Facebook de John Floberg.

Selon John Floberg, les dons matériels sont également acceptés mais seuls ceux officiellement demandés par la tribu Sioux de Standing Rock. Sont actuellement demandés des vestes et des sweats à capuche, des couvertures, des tentes et du lait maternisé. Les températures tombent sous les 10 degrés la nuit et il pourrait geler début septembre, explique-t-il.

John Floberg peut transporter les dons matériels jusqu’aux camps et assurer leur distribution et une utilisation appropriée. Les gens souhaitant faire ce genre de dons doivent tout d’abord adresser un courrier électronique à jffloberg@gmail.com afin de convenir de l’expédition.

Les protestataires s’opposent à l’oléoduc d’une longueur de 1 857 km qui relierait les gisements de pétrole de Bakken au nord-ouest du Dakota du Nord à Patoka dans l’Illinois, acheminant jusqu’à 570 000 barils de pétrole par jour. L’oléoduc traverserait le lac Oahe, qui fait partie du fleuve Missouri, juste à 800 m de la réserve. Les opposants disent que l’oléoduc menacera l’eau potable de la réserve et perturbera des terres sacrées. L’action a attiré l’attention de célébrités telles que Susan Sarandon, Leonardo DiCaprio et la star de Divergent Shailene Woodley, ainsi que des organisations comme le Groupe de travail des Nations Unies sur les populations autochtones.

Les manifestations, qui ont réussi ce mois-ci à arrêter les travaux sur cette partie de l’oléoduc, sont comparées à certains des événements les plus importants de l’histoire amérindienne et le Diocèse du Dakota du Nord s’est rallié à leur cause. Il a diffusé une déclaration de soutien le 19 août et des membres du diocèse aident dans les trois camps de protestation à assurer une présence unifiée et pourvoient aux besoins matériels tels que la nourriture.

Un plaidoyer en appui à l’objectif des manifestants est une autre manière pour les Épiscopaliens d’aider, selon Jayce Hafner, analyste de politique nationale de l’Église épiscopale, qui travaille dans le Bureau des relations gouvernementales de l’Église à Washington DC et le Révérend Charles Allen Wynder Jr., diacre missionnaire de l’Église pour la justice sociale et la défense des droits.

Tous deux disent que les Épiscopaliens peuvent :

  • Contacter leurs représentants et sénateurs au Congrès en leur demandant de soutenir la requête visant à ce que l’U.S. Army Corps of Engineers effectue une étude environnementale complète qui évalue toutes les conséquences de l’oléoduc et notamment l’impact sur la réserve et honore les obligations du traité la population de Standing Rock conteste la pertinence de la méthode et du contenu de l’étude environnementale faite par cet organisme qui a été publiée en juillet.
  • Demander directement à l’Army Corps of Engineers d’effectuer une étude environnementale complète qui évalue toutes les conséquences de l’oléoduc et notamment l’impact sur la réserve et honore les obligations du traité et
  • Contacter le Ministère américain de la Justice et demander aux responsables de surveiller le recours éventuel à la police et à des équipements militaires au cours de l’affrontement.

John Floberg a indiqué que les manifestants vivent dans trois camps distincts sur les rives nord et sud de l’embouchure de la rivière Cannonball, affluent du fleuve Missouri. Le camp de Sacred Stones sur la rive sud de la rivière dans la réserve de Standing Rock a démarré au printemps lorsque la nouvelle de la construction de l’oléoduc a commencé à se répandre. Au début du mois, « un plus grand nombre de personnes ont commencé à venir » et un nouveau camp est apparu sur la rive nord de la rivière sur des terrains propriétés de l’Army Corps. Des opposants de la réserve indienne Rosebud dans le Dakota du Sud se sont joints aux manifestations et ont formé un troisième camp. Les trois camps sont situés près de la ville de Cannon Ball au Dakota du Nord, où se trouve l’Église épiscopale St. James.

Les trois campements sont distincts mais « il n’y a aucune concurrence entre eux, ils agissent tous ensemble »indique John Floberg.

Il y a eu plus de 4 000 manifestants à certains moments dans les camps et il y a une présence continue de plus de 600, selon John Floberg.

Osh Johnson, de la Nation Diné, cuit le pain pour le déjeuner au Camp Sacred Stones, l'un des trois camps établis le long de la Rivière Cannon Ball dans le Dakota du Nord où logent les opposants à l'oléoduc de Dakota Access. Photo : Pas de Dakota Access dans le Territoire du Traité - Camp Sacred Stones

Osh Johnson, de la Nation Diné, cuit le pain pour le déjeuner au Camp Sacred Stones, l’un des trois camps établis le long de la Rivière Cannon Ball dans le Dakota du Nord où logent les opposants à l’oléoduc de Dakota Access. Photo : Pas de Dakota Access dans le Territoire du Traité – Camp Sacred Stones

Les opposants s’expriment sur les médias sociaux au sujet du manque d’attention prêté aux protestations par les médias nationaux. Le New York Times a publié un article sur les protestations mais peu d’autres médias ont suivi le mouvement.

John Floberg fait remarquer que l’occupation pendant six semaines du Malheur National Wildlife Refuge en Oregon, au début de cette année par un groupe de militants antigouvernementaux armés avait suscité des reportages quotidiens dans la plupart des principaux médias.

« Ces types étaient armés mais ils étaient nettement moins nombreux – et ils étaient constamment dans la presse » nous dit-il. « Ici c’est une protestation pacifique et les médias nationaux semblent tout simplement ne pas en avoir conscience. C’est terriblement décevant ».

John Floberg riposte également sur ce qu’il dit être « une quantité importante de fausses informations » communiquées par des représentants du gouvernement. « Ce faisant, ils détruisent le tissu communautaire entre les autochtones et les non-autochtones » poursuit-il.

Les autochtones sont souvent qualifiés de « voyous » et sont dépeints comme « participant à une activité illégale » explique-t-il. Le shérif du comté de Morton a déclaré que la route 1806 avait été barrée parce qu’il y avait des rumeurs d’échanges de tir, rumeurs qui, selon John Floberg, n’ont jamais été confirmées.

Le shérif, nous dit John Floberg, a également dit avoir entendu qu’il avait été fait usage de « bombes artisanales » dans les camps. John Floberg dit que, lorsque le peuple Lakota se réunit, certains d’entre eux connus comme les porteurs de pipe prient pour le peuple avec des pipes sacrées que l’on « bourre » de tabac. Ce rituel qui consiste à « bourrer leurs pipes » a été transformé en : les manifestants fabriquent des bombes artisanales, nous dit-il.

Selon John Floberg, « il semble qu’ils aient peu d’égard pour la vérité car ils essaient de faire pression sur ce camp et d’éliminer tout soutien public pour étouffer tout ça.

« En fait je ne peux quant à moi avoir libre accès au lieu où j’exerce en tant que prêtre de l’Église épiscopale » ajoute John Floberg, en se référant à la paroisse St. James de Cannon Ball. « Je dois faire un détour de 65 km du fait de la route barrée » pour atteindre l’église ou le « site de protection » où j’exerce mon ministère.

Il nous dit avoir protesté auprès des forces de l’ordre placées au barrage de route disant que ses droits constitutionnels de liberté d’expression, de réunion et d’exercice du culte lui étaient refusés.

– La Révérende Mary Frances Schjonberg est rédacteur et journaliste pour l’Episcopal News Service.