Bruce Myers intronisé comme évêque anglican de Québec

de Philippe Vaillancourt
Posted Apr 26, 2017

Mgr Bruce Myers a officiellement été intronisé comme 13e évêque anglican de Québec le 22 avril 2017. (Présence/Philippe Vaillancourt)

[Présence – information religieuse] L’intronisation du 13e évêque anglican de Québec a eu lieu le 22 avril à la cathédrale de la Sainte-Trinité, dans le Vieux-Québec. En plus des gestes traditionnels posés lors de l’intronisation d’un nouvel évêque, ce sont surtout les paroles prononcées par Mgr Bruce Myers et ses invités interreligieux sur le sens de la foi dans la société actuelle qui ont retenu l’attention.

Comme le veut la tradition, Bruce Myers se trouvait à l’extérieur de la cathédrale au début de la célébration tandis que l’assemblée patientait à l’intérieur. De sa crosse, il a donné trois grands coups contre la principale porte d’entrée, annonçant solennellement sa présence.

Une voix a retenti en anglais dans l’enceinte de la première cathédrale anglicane construite à l’extérieur des îles britanniques. «Frère et sœurs du diocèse de Québec, notre nouvel évêque est arrivé en sa cathédrale pour y réclamer sa place parmi nous. Ouvrons-lui les portes et levons-nous pour l’accueillir!»

Dans le vestibule, Bruce Myers y est allé d’un premier geste symbolique: il s’est d’abord adressé à l’assemblée en français.

L’ensemble de la célébration a d’ailleurs accordé une grande place à la langue de Molière, de même qu’à l’anglais et qu’au naskapi, langue autochtone parlée dans le diocèse de Québec, qui fut notamment utilisée au moment de l’évangile.

Après la lecture des certificats d’élection et d’ordination, le pasteur de 44 ans a été conduit sur sa cathèdre, où il a reçu une ovation des quelque 280 personnes qui assistaient à son intronisation.

«J’ai rencontré le Christ ressuscité presque partout en parcourant notre diocèse»

Dans son homélie, il a blagué au sujet de l’incrédulité des apôtres devant la résurrection de Jésus. «Ça pourrait être une fausse nouvelle», a lancé l’ancien journaliste qui couvrait la politique provinciale à l’Assemblée nationale avant de devenir prêtre. Ce n’est que plus tard, a-t-il noté, que les proches de Jésus ont cru.

«Et quelle histoire: une histoire de lumière qui repousse la noirceur, de pouvoir rendu parfait par la faiblesse, d’espoir outrepassant la peur, d’amour surmontant la haine, de la vie rachetant la mort», a indiqué l’évêque, mettant en garde contre le risque d’être «blasé» par cette histoire entendue si souvent.

«Ça ne serait pas honnête de ma part de me présenter devant vous ce matin et de prétendre que nous n’avons pas perdu beaucoup de choses. Il y a cent ans, le nombre de fidèles anglicans dans notre diocèse était cinq fois plus élevé qu’il ne l’est aujourd’hui. Il y a bien des raisons pour cette décroissance – plusieurs d’entre elles étant des éléments hors de notre contrôle – mais il s’agit néanmoins d’une perte. Et cela correspond à une tendance lourde au Québec.»

Oui, a-t-il convenu, il s’agit d’une «perte», mais celle-ci ne doit pas avoir comme effet de faire perdre espoir.

Élu évêque coadjuteur de Québec à l’automne 2015 et ordonné évêque en mai 2016, Mgr Myers a passé la dernière année à visiter les confins des 720 000 kilomètres carrés du diocèse érigé en 1793.

Sa mission, a-t-il continué, est d’être le pasteur de «petites, mais ferventes communautés d’anglicans qui vivent éparpillés sur un grand territoire; prêcher, enseigner et célébrer les sacrements dans tous mes déplacements, et tenter d’encourager nos gens, où qu’ils soient, à voir – et à être – Jésus ressuscité».

«Et je vous affirme que je l’ai vu. J’ai rencontré le Christ ressuscité presque partout en parcourant notre diocèse.»

Il a conclu son homélie bilingue en appelant les chrétiens à aller à travers le Québec, «non pas en gémissant et en pleurant parce que les sondages nous disent que nos voisins n’ont pas la foi autant qu’avant, mais plutôt en agissant comme des témoins de Jésus-Christ – parce que, dans cette ère séculaire, l’exemple de nos vies en tant que disciples de Jésus aura plus de poids que bien des paroles que nous pourrions prononcer au nom du Christ».

Bien accueilli par les autres leaders religieux de Québec

Après la communion, le primat de l’Église anglicane du Canada, Mgr Fred Hiltz, et le métropolite de la province anglicane du Canada, Mgr Percy Coffin, ont d’abord pris la parole pour souligner les qualités du nouvel évêque de Québec, Mgr Hiltz évoquant sa «douceur d’âme».

L’archevêque catholique de Québec, le cardinal Gérald Lacroix, a salué «un frère et un ami». Les deux hommes habitent à l’archevêché catholique et il leur arrive de manger et de prier ensemble. Il voit en Mgr Myers un pasteur qui poursuivra une «longue tradition de relations harmonieuses» entre les anglicans et les catholiques de Québec.

«Vous qui avez été journaliste, le Seigneur vous appelle maintenant à être porteur de Bonne Nouvelle», a-t-il lancé à la blague.

David Weiser, le président de la congrégation juive Beth Israel Ohev Sholom, a lui aussi pris le temps de souhaiter la bienvenue à Mgr Myers, saluant la «plénitude» des communautés de foi de Québec qui se vit dans «nos diversités».

Enfin, le cofondateur du Centre culturel islamique de Québec, Boufeldja Benabdallah, a déclaré que «nous sommes tous des frères en Dieu». Il a évoqué un «pacte du cœur» avec le nouvel évêque. «La solitude d’hier, aujourd’hui je ne la sens pas du tout», a-t-il ajouté. La tuerie du 29 janvier qui a frappé la grande mosquée de Québec a en effet rapproché des fidèles anglicans et musulmans au cours des derniers mois.

Des représentants de l’Église Unie du Canada et de l’Église presbytérienne ont aussi assisté à l’intronisation. Celui qui fut évêque anglican de Québec de 2009 à 2017, Mgr Dennis Drainville, n’y était pas. Il a officiellement remis sa démission le 19 avril. Son épouse, la révérende Cynthia Patterson, était toutefois présente samedi matin.


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