Les leaders de l’Église épiscopale s’expliquent sur la participation de l’église à l’inauguration de Donald Trump

L’Évêque Primat, l’évêque de Washington, le doyen de la Cathédrale voient son rôle comme une exhortation à l’unité et à la prière

de Mary Frances Schjonberg
Posted Jan 12, 2017

[Episcopal News Service] La participation de la Cathédrale nationale de Washington et de sa chorale à l’investiture prochaine du Président élu Donald J. Trump suscite l’inquiétude d’une certaine partie de l’Église épiscopale.

La chorale de la cathédrale a accepté l’invitation à se produire lors du prélude musical de la cérémonie d’investiture du 20 janvier. Ce prélude commence à 9h30, heure de Washington. Le début de la cérémonie elle-même est prévu à 11h30. Le programme se trouve ici.

La cathédrale a confirmé il y a trois semaines qu’elle remplirait à nouveau l’un de ses rôles traditionnels dans la vie américaine en offrant à Donald Trump et à la nation une occasion de se rassembler dans la prière. Le 58e service de prière pour l’investiture présidentielle aura lieu, sur invitation uniquement, à 10h le 21 janvier, le lendemain de la prestation de serment de Donald Trump en tant que 45e président.

Après que la nouvelle de la participation de la chorale a déchainé un déluge de commentaires sur les médias sociaux ainsi que des messages électroniques adressés aux dirigeants concernés, l’Évêque Primat Michael Curry, Mariann Budde, évêque du Diocèse de Washington et Randolph Hollerith, doyen de la Cathédrale ont tous publié le 12 janvier des déclarations en réponse à ces inquiétudes.

« Nous savons tous que cette élection est controversée et que des épiscopaliens de tous bords se sentent profondément concernés », a dit Michael Curry dans sa déclaration. « Nous reconnaissons que cette élection est controversée et que l’Église épiscopale, tout comme notre nation, a exprimé une diversité de points de vue dont certains sont l’expression d’une douleur profonde ».

Reconnaissant qu’il y a « beaucoup de discussions et certaines controverses » sur le bien-fondé de l’organisation par la cathédrale du service traditionnel de prière et sur le fait que l’une de ses chorales se produise à l’investiture, Michael Curry explique que cela pose « certaines questions chrétiennes fondamentales au sujet de la prière ».

« Lorsque je prie pour nos dirigeants, pour quelle raison le fais-je ? Dois-je prier pour un dirigeant avec qui je suis en désaccord ? Lorsque je prie, qu’est-ce que je pense faire ? » : telles sont les questions évoquées par Michael Curry.

L’évêque primat explique que la pratique de la prière pour les dirigeants est « profondément ancrée dans nos traditions bibliques et anglicanes/ épiscopaliennes ».

Selon lui, la tradition de la prière signifie que les épiscopaliens prient pour que « leurs dirigeants soient véritablement au service, non pas d’intérêts partisans mais du bien commun ».

« Nous pouvons et, quant à moi, je crois que nous devons prier pour tous ceux qui nous dirigent dans la société civile au plan national et international. Je prie pour le président en partie parce que Jésus Christ est mon Sauveur et Seigneur », poursuit-il. « Si Jésus est mon Seigneur et qu’il est le modèle et le guide de ma vie, sa voie doit être ma voie, quelle qu’en soit la difficulté. Et la voie de la prière pour les autres fait partie de la façon dont je suis la voie de Jésus ».

La prière est à la fois « contemplative et active », explique Michael Curry, ajoutant que ceux qui prient doivent à la foi écouter Dieu et servir et témoigner dans le monde au nom de Jésus.

« Nous participons en tant que disciples de Jésus à la vie de notre gouvernement et de notre société, en veillant au bien-être de chacun d’entre nous et des autres et en œuvrant pour des politiques et des lois qui reflètent les valeurs et les enseignements de Jésus d’« aimer son prochain », d’« agir envers les autres comme vous voudriez qu’ils agissent envers vous », de façonner un ordre civil qui reflète la bonté, la justice, la compassion que nous voyons sur le visage de Jésus qui, nous le savons reflète le cœur et le rêve de Dieu pour tous les enfants de Dieu et la création de Dieu », explique-t-il.

Randolph Hollerith a répondu aux questions relatives à la participation de la chorale dans sa déclaration.

« Notre chorale va chanter à l’investiture pour honorer la transition pacifique du pouvoir qui est au cœur de notre gouvernement démocratique », déclare-t-il. « Que ce soit bien clair : nous ne prions pas et ne chantons pas pour bénir une idéologie politique ou un programme partisan, quel que soit l’homme (ou la femme) qui prête ce serment sacré pour la fonction. Nous chantons pour honorer la nation ».

Le doyen a expliqué que les membres de la chorale ne sont pas obligés de participer à ce qu’il appelle la « partie de notre appel à servir de maison spirituelle pour la nation ».

« Dans notre pays meurtri et divisé, nous espérons que le don de notre musique puisse aider à nous rappeler nos idéaux et nos aspirations les plus élevés en tant qu’une seule nation en Dieu », explique-t-il.

Mariann Budde a déclaré : « je ne vous demande pas d’être d’accord, je vous demande simplement de considérer que nous avons, nous aussi, agi suivant des principes spirituels.

« Ces principes qui peuvent sembler s’opposer aux vôtres, sont aussi essentiels pour le travail qui nous attend ».

Le premier principe, explique-t-elle, est que les églises épiscopales « accueillent tout un chacun dans nos maisons de prière ».

« Accueillir ne veut pas dire cautionner un discours ou un comportement blessant, cela ne veut pas dire que nous sommes d’accord ou que nous cherchons à le légitimer », poursuit-elle. « C’est simplement que nous faisons bon accueil à tous dans cette maison de prière, en reconnaissant pleinement que chacun d’entre nous a besoin de prière ».

Le deuxième principe, explique Mariann Budde, est que « dans les moments de division nationale, l’Église épiscopale est appelée à être le lieu où ceux qui sont en désaccord peuvent se rassembler pour prier, apprendre et œuvrer pour le bien de tous ».

Disant être « préoccupée par certaines paroles et certains actes de M. Trump et par ceux qui se sentent maintenant encouragés à parler et agir de manière haineuse », Marian Budde déclare : « je crois au pouvoir de Dieu de faire le bien et en la capacité de notre nation à être à la hauteur de nos plus grands idéaux ».

Les épiscopaliens et d’autres se sont également posé la question de savoir si la cathédrale devait organiser le service traditionnel de prière pour le nouveau président le jour suivant son investiture.

Depuis la première investiture du Président Franklin Delano Roosevelt en 1933, les services de prière pour l’investiture présidentielle se sont déroulés à la Cathédrale nationale de Washington, qui se nomme elle-même la « maison de prière pour tous ». Cette tradition a, de nos jours, été ininterrompue depuis la deuxième investiture du Président Ronald Reagan en 1985, exception faite du Président Bill Clinton, qui a choisi pour les services de prière de ses deux investitures la Metropolitan African Methodist Episcopal Church, l’église historique noire du centre-ville de Washington. La cathédrale a été également le lieu des services funèbres et commémoratifs de quasiment tous les vingt-et-un présidents des États-Unis qui sont morts depuis la fondation de la cathédrale.

« Dans un moment où les émotions sont vives, nous espérons offrir quelques instants de réconfort spirituel et le don de guérison de la beauté transcendante », explique Mariann Budde. « Nous voulons également que la nation sache que nous, nous sommes toujours là, animés par l’espoir. Bien que l’investiture soit une cérémonie civile plutôt que religieuse, c’est également une occasion de prier et d’offre du baume de beauté ».

Mariann Budde a précédemment déclaré qu’elle participerait au service, comme c’est la tradition pour l’évêque de Washington, évêché qui comprend le District de Columbia et les quatre comtés voisins du Maryland.

Michael Curry qui doit conduire un pèlerinage de réconciliation au Ghana, engagement pris il y a plus d’un an, a demandé à James « Jay » Magness, évêque suffragant pour les forces armées et les ministères fédéraux, de le représenter au service de prière.


Tags