Une réunion historique sur le changement de la culture de l’église

Les évêques, représentants et membres du conseil exécutif invités à réfléchir à leur rôle pour donner corps au mouvement de Jésus

de Mary Frances Schjonberg
Posted Sep 15, 2016
De gauche à droite, la Révérende Gay Clark Jennings, Présidente de la Chambre des Députés, l’Évêque Primat Michael Curry, Tim Kuppler de Human Synergistics International et Scott Beilke du Brighton Leadership Group, partenaire de Human Synergistics, se préparent pour leur séance d’information du 15 septembre à l’intention des évêques, députés et membres du conseil de l’église. Photo : Mary Frances Schjonberg/Episcopal News Service

De gauche à droite, la Révérende Gay Clark Jennings, Présidente de la Chambre des Députés, l’Évêque Primat Michael Curry, Tim Kuppler de Human Synergistics International et Scott Beilke du Brighton Leadership Group, partenaire de Human Synergistics, se préparent pour leur séance d’information du 15 septembre à l’intention des évêques, députés et membres du conseil de l’église. Photo : Mary Frances Schjonberg/Episcopal News Service

[Episcopal News Service – Détroit (Michigan)] La Chambre des Évêques, la Chambre des Représentants et le Conseil exécutif ont été informés le 15 septembre des initiatives pour rapprocher la culture des permanents de l’Église épiscopale de celle du mouvement de Jésus.

L’Évêque Primat Michael Curry et d’autres ont également témoigné de la façon dont la culture de l’église à tous les niveaux peut refléter l’attitude aimante, libératrice et vivifiante de Jésus.

La peur, la méfiance et la rancune n’ont pas leur place dans une organisation comme celle-ci, ont déclaré l’Évêque Curry et la Révérende Gay Clark Jennings, Présidente de la Chambre des Représentants, à l’occasion d’une présentation de deux heures sur la culture des permanents, lors de la première journée de réunion de la Chambre des Évêques qui se tient ici du 15 au 20 septembre. Les membres de la Chambre des Représentants ont assisté à la présentation par webcast, une première, semble-t-il, pour une réunion conjointe des deux chambres en dehors de la Convention générale.

L’Évêque Curry, la Révérende Jennings le Révérend Michael Hunn, chanoine de l’Évêque Primat pour le ministère au sein de l’Église épiscopale, Tim Kuppler de Human Synergistics International et Scott Beilke du Brighton Leadership Group, partenaire de Human Synergistics, étaient les intervenants. Plusieurs centaines de téléspectateurs individuels ainsi que des groupes de téléspectateurs s’étaient inscrits pour le webcast.

L’Évêque Curry a déclaré que les auditeurs ne devaient pas être déprimés par la nouvelle d’un changement fondamental nécessaire dans la culture des permanents. « Le christianisme est dysfonctionnel. C’est un fait. Je veux dire, c’est ce que l’on appelle être humain » poursuit-il. « Comment – à partir d’où nous en sommes – aller là où Jésus Christ nous appelle à être ? ».

« Nous ne parlons pas d’un nouveau programme » ajoute l’Évêque Curry, « ce n’est pas quelque chose qui va se mettre en place aujourd’hui et disparaître demain. Le mouvement de Jésus n’a rien de nouveau. C’est un appel à revenir à ce que nous sommes, au Jésus du Nouveau Testament, à le suivre de manière aimante, vivifiante et libératrice, dans une relation aimante, vivifiante et libératrice avec Dieu, avec notre prochain et avec toute la création ».

À mesure que l’église répond à cet appel, « notre évangélisation va devenir réelle, au fur et à mesure que cela va se réaliser, notre réconciliation deviendra sérieuse » et « Dieu seul sait » quel sera notre impact sur le monde et sur toute la création, déclare-t-il.

La Révérende Jennings a déclaré aux évêques au début de la journée que les membres de l’équipe de gouvernance de l’église qui ont démarré leurs travaux sur le changement de culture « sont convaincus que cela va nous aider à devenir plus pleinement l’église que Dieu nous appelle à être. Je crois même que cela va nous aider, comme le dit le psalmiste, à guérir des trahisons ». Elle dit que l’invitation faite aux représentants de participer à la réunion des évêques pour la présentation est « un signe des énormes progrès accomplis pour notre rapprochement ».

Au cours de la présentation de l’après-midi, la Révérende Jennings a expliqué que ce changement culturel ne peut se poursuivre que si « les gens sont invités à participer à un système qui encourage la transparence, la responsabilisation, la bonté et qui intègre les valeurs dont nous parlons ».

« Cela va prendre du temps. Nous ne pouvons pas simplement dire : « oui, nous allons être différents ». Il nous faut être réellement différents et les gens doivent le ressentir ».

Le thème de la réunion d’automne des évêques est « Le mouvement de Jésus : réconciliation entre réalité et idéal ». Le 16 septembre, les évêques vont découvrir comment les conclusions de Human Synergistics peuvent s’appliquer à leur diocèse lors d’une séance intitulée « Becoming the Jesus Movement Culture » [Devenir la culture du mouvement de Jésus].

La réunion de la Chambre des Évêques du 15 au 20 septembre commence à l’hôtel Westin Book Cadillac dans le centre ville de Détroit. Photo : Mary Frances Schjonberg/Episcopal News Service

La réunion de la Chambre des Évêques du 15 au 20 septembre commence à l’hôtel Westin Book Cadillac dans le centre ville de Détroit. Photo : Mary Frances Schjonberg/Episcopal News Service

La Société Human Synergistics a été engagée à la suite d’une enquête concernant des plaintes de permanents, à l’automne dernier, sur les pratiques professionnelles de trois cadres supérieurs du Church Center de New York, a confié l’Évêque Curry à Episcopal News Service, la veille de la présentation, mais la décision est largement fondée sur le besoin pour toute église en période de transition dans sa gouvernance, d’examiner sa culture.

« Il ne s’agit pas de ce qui s’est passé l’année dernière ni il y a dix ou vingt ans. Au fil du temps, il se produit une accumulation dans toute organisation, toute communauté, toute famille » ajoute-t-il, caractérisant les problèmes de systémiques et « qui dépassent l’un quelconque d’entre nous ou l’un quelconque des acteurs et des personnes du passé ».

« Mais à dire vrai nous aurions fait cela [ce travail] d’une certaine façon, sous une autre forme ou d’une autre manière, même si les choses qui se sont passées l’an dernier ne s’étaient pas passées » explique l’Évêque Curry, « je pense que je serais arrivé à la conclusion que nous devions entreprendre ce travail de toute façon, ça n’a fait que l’accélérer ».

Pour les responsables de l’église à tous les niveaux, la véritable question, poursuit-il, est de savoir « comment allons-nous donner corps aux enseignements et à l’esprit de Jésus de Nazareth dans notre façon d’accomplir l’œuvre de Dieu ? »

Si l’Église épiscopale fait véritablement partie du mouvement de Jésus, l’approche de Jésus doit « prévaloir sur notre propre approche » ajoute-t-il. Viser cet équilibre est en permanence l’œuvre spirituelle des Chrétiens, déclare l’Évêque Primat, ajoutant que cela est tout particulièrement vrai maintenant « à une époque où la chrétienté n’existe pratiquement plus et où l’église est véritablement appelée à revenir à ses racines les plus profondes ».

L’église doit maintenant se voir non pas comme une institution et comme faisant partie du pouvoir établi mais « comme un mouvement du peuple de Dieu qui suit le chemin de Jésus et cherche à aider le monde à vivre de cette manière. Nous devons refléter les valeurs que nous proclamons et cela fait partie de ce que nous sommes en train de faire avec ce changement de culture afin que les initiatives de l’église en matière d’évangélisation, de réconciliation raciale et de justice environnementale soient intègres.

« L’occasion nous est donnée de lutter pour être réellement le corps du Christ » déclare l’Évêque Curry.

Le Révérend Hunn dit à ENS qu’il aurait été facile pour l’Évêque Curry d’élaborer un nouvel organigramme plutôt que d’examiner de près et essayer de changer la culture de l’organisation en une culture qui favorise des relations de travail aimantes, libératrices et vivifiantes dans toute l’église.

Mais le travail de changement de culture sert à montrer que « où que nous nous trouvions dans le royaume, nous pouvons prendre pour modèle cette ouverture en laissant Dieu nous changer en mieux, tout en nous concentrant sur la vie de Jésus », explique-t-il.

Comment ont été effectués les travaux de recherche sur la culture

L’entreprise américaine Human Synergistics International dit qu’« en se concentrant sur le changement de culture, le développement du leadership et le renforcement de l’esprit d’équipe, les organisations parviennent à améliorer leur efficacité ». Ce modèle fonctionne tant pour des organisations à but non lucratif que pour des organisations à but lucratif, de General Electric au Girl Scout Council du Comté d’Orange (Californie) en passant par le Diocèse épiscopal de Chicago.

Le personnel de toute l’Église et les membres du Conseil exécutif ont été invités à répondre à trois sondages en ligne. Certains ont été interviewés en groupe et d’autres en face à face par des salariés d’Human Synergistics qui tentaient de déterminer où la culture organisationnelle de l’église se situait dans le « circumplex » des types de culture – et où l’organisation aimerait se situer. Les différents types de culture sont les suivants : constructif, passif/défensif et agressif/défensif.

Les recherches ont montré que la culture du Church Center opère principalement selon le type passif/défensif avec une certaine teinte d’agressif/défensif. Selon Human Synergistics, la marque principale de la culture passive/défensive est l’esquive, suivant laquelle les personnes s’en réfèrent à la hiérarchie pour les décisions, adoptent un profil bas lorsque les choses deviennent difficiles et prennent peu de risques.

À la question de connaître leurs désirs et leurs espoirs pour l’avenir, les participants ont dit qu’ils voulaient travailler dans une culture constructive dans laquelle on attend que les personnes se soutiennent les unes les autres, résolvent les conflits de manière constructive, encouragent les autres, conservent leur intégrité personnelle, accomplissent bien leurs tâches, même si elles sont simples et communiquent leurs idées.

Comment ont démarré les travaux

Les travaux de changement de culture ont démarré en juillet avec l’équipe de direction. Les dirigeants de l’Église, l’Évêque Curry, la Révérende Jennings, le Directeur financier N. Kurt Barnes et le Directeur exécutif de la Convention générale le Révérend Michael Barlowe ainsi que les trois chanoines de l’Évêque Primat (le Révérend Hunn, le Révérend Charles K. Robertson et la Révérende Stephanie Spellers) se sont réunis pendant un certain nombre de jours. Ils ont été informés des conclusions de Human Synergistics et ont débattu de la manière dont ils voulaient travailler ensemble. Ils se sont engagés à adopter un ensemble de comportements qu’ils appellent les Trois E : estime, engagement, excellence.

La Chambre des Évêques a célébré l’Eucharistie à l’ouverture de la réunion du 15 au 20 septembre à Détroit. Photo : Mary Frances Schjonberg/Episcopal News Service

La Chambre des Évêques a célébré l’Eucharistie à l’ouverture de la réunion du 15 au 20 septembre à Détroit. Photo : Mary Frances Schjonberg/Episcopal News Service

L’estime implique de se traiter les uns les autres comme des enfants de Dieu, d’apprécier les dons, les styles, les approches et les idées des autres, quelle que soit leur place dans l’organisation et de s’encourager les uns les autres.

L’engagement implique d’écouter tout un chacun, de dire la vérité, de discuter d’une question, d’un problème, d’une idée et non pas de discuter d’une personne, de solliciter des points de vue, de faire participer les autres à la prise de décisions et de trouver des manières saines de régler les conflits et les désaccords.

L’excellence décrit un comportement qui consiste à s’engager à faire de son mieux, à conserver son intégrité personnelle, à constamment chercher à apprendre et à se développer professionnellement et à oser être créatif.

Le 12 septembre, au cours de la présentation en ligne et en public des travaux de Human Synergistics, la Révérende Jennings a dit au personnel de toute l’Église que les sept dirigeants qui s’étaient réunis en juillet s’étaient aussi engagés à prier chaque jour les uns pour les autres.

Le groupe a également mis au point un modèle adapté à l’église pour les travaux de l’église tout entière. Tout en haut se situe le mouvement de Jésus défini comme « Suivre Jésus dans une relation aimante, libératrice et vivifiante avec Dieu, avec notre prochain et avec la création, à travers l’évangélisation, la réconciliation raciale et la gouvernance environnementale ».

Les priorités de la Convention générale, à savoir l’évangélisation, la réconciliation raciale et la gouvernance environnementale constituent les trois piliers du modèle. À la base se trouve le travail continu du personnel, tant au sein de l’église qu’à l’extérieur de l’église, et les aspects de gouvernance, financiers, juridiques et opérationnels de la structure confessionnelle.

Au cours de la présentation faite au personnel le 12 septembre, l’Évêque Curry et la Révérende Jennings les ont invité à commencer à mettre en pratique les Trois E afin de changer la culture de l’église. Ils ont toutefois souligné que, même si les hauts dirigeants et l’équipe de gouvernance de l’église s’étaient réunis et avaient pris entre eux les engagements qu’ils pensaient être utiles pour changer la culture de l’organisation, leurs suggestions n’étaient en aucune façon des commandements venus d’en haut et que la totalité du personnel de l’église devait s’impliquer dans ces travaux de changement de culture.

Et la Révérende Jennings a déclaré le 15 septembre à l’assemblée que l’équipe de gouvernance espérait qu’à mesure que les directeurs allaient mettre en pratique les Trois E, les autres décideraient de les rejoindre.

Le personnel débattra des conclusions des recherches de façon plus approfondie lorsqu’il se réunira en face à face avec Human Synergistics au Church Center à New York du 18 au 20 octobre. Le personnel se joindra au Conseil exécutif au Church Center le 20 octobre pour discuter des recherches, a déclaré le Révérend Hunn à l’assemblée.

Human Synergistics continuera de travailler avec l’église pour suivre l’avancement. Le personnel et d’autres personnes seront invités à répondre à nouveau aux sondages dès le printemps prochain, dans le cadre de ce suivi.

Également à l’ordre du jour de la réunion

La Chambre des Évêques se réunit à l’hôtel Westin Book Cadillac dans le centre ville de Détroit. C’est la réunion annuelle d’automne du groupe. Les évêques se réunissent normalement pour une retraite chaque printemps et à l’automne en séance plénière, les années où il n’y a pas de Convention générale.

Dans l’après-midi du 16 septembre, l’ancien sénateur John Danforth (Républicain du Missouri), prêtre épiscopalien, parlera avec les évêques de « Our Ministry to America » [Notre ministère auprès de l’Amérique]. John Danforth fera ensuite partie d’un panel de discussion sur le sujet, aux côtés de la Révérende Jennings, de l’Évêque de Washington Mariann Budde et de la Révérende Kim Jackson, aumônier de l’Absalom Jones Episcopal Center à Atlanta (Géorgie). L’Évêque Curry sera le modérateur de ce panel.

Également à l’ordre du jour de cette réunion figure une série de visites le 17 septembre. Les évêques et leurs conjoints et partenaires peuvent choisir de se rendre à Flint (Michigan) dans le Diocèse voisin du Michigan de l’Est, pour s’informer sur les initiatives de l’église pour aider la population locale pendant la crise de l’eau municipale de cette ville. Et il y a deux autres possibilités de visites de Détroit pour connaître les raisons pour lesquelles l’Évêque du Michigan Wendell Gibbs a dit, en souhaitant la bienvenue aux évêques, que « la ville de Détroit n’est pas morte », elle connait en fait une sorte de renaissance.

Il est également prévu que les évêques et d’autres personnes qui participent à la réunion visitent des églises dans la zone métropolitaine de Détroit, le 18 septembre.

L’élection de l’Évêque auxiliaire pour les forces armées et les ministères fédéraux et une séance de questions formelles sont à l’ordre du jour du 20 septembre. Les évêques peuvent publier une lettre pastorale à propos de la réunion.

Certains évêques et d’autres personnes envoient des messages sur Twitter en utilisant le hashtag #hobfall16.

–La Révérende Mary Frances Schjonberg est rédacteur et journaliste pour l’Episcopal News Service.


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