L’Évêque Browning restera dans les mémoires pour son courage, sa compassion et sa bienveillance

de Matthew Davies
Posted Jul 19, 2016

ens_071316_edBrowning_sp[Episcopal News Service] Suite à la nouvelle du décès le 11 juillet de l’ancien Évêque Primat Edmond Lee Browning, des hommages du monde entier ont exprimé l’immense sentiment de perte d’un leader qui a eu le courage, la force et la conviction de faire de l’Église épiscopale un lieu où, selon ses propres paroles, « il n’y aura pas d’exclus ».

« L’Évêque Browning a ouvert toutes grandes les portes de l’Église épiscopale, à nombre de personnes qui auparavant se sentaient laissés de côté » nous confie le Rév. Chanoine Brian Grieves, ancien directeur des ministères paix et justice de l’Église épiscopale, qui a travaillé pour trois évêques présidents, dont l’Évêque Browning.

« Motivé par la compassion, il a lancé l’Église épiscopale sur une voie qui allait permettre aux gays et aux lesbiennes de sortir du placard et de servir ouvertement l’église » nous confie le Rév. Grieves à ENS depuis sa résidence de Hawaï, où l’Évêque Browning avait été évêque diocésain avant de devenir évêque président.

Lors de sa première conférence de presse après son élection en tant qu’évêque président en septembre 1985, une question fut posée à l’Évêque Browning sur une résolution de la Convention générale qui avait clairement pour but d’empêcher les gays d’être ordonnés, se souvient le Rév. Grieves. « Il répondit en disant qu’il ne pensait pas que l’église devait légiférer à l’encontre de quiconque ».

En 1988, lors de sa première Convention générale en tant qu’évêque président, il accueillit avec plaisir l’exposition d’un patchwork sur le SIDA et mit au défi tous les évêques de développer une relation personnelle avec un séropositif, se citant lui-même comme modèle. « Jusque-là, les gens atteints du SIDA avaient été en grande partie tenus à l’écart et ignorés » poursuit le Rév. Grieves.

Bruce Garner, président du groupe de défense des LGBT Integrity USA et ancien membre du Conseil exécutif du Diocèse d’Atlanta, dit que l’Église épiscopale a perdu l’un de ses géants.

Au début des années 1990, lors de son précédent mandat en tant que président d’Integrity, Bruce Garner s’est souvenu d’avoir rencontré l’Évêque Browning et rendu hommage à l’ouverture d’esprit avec laquelle il parlait des questions de pleine inclusion des LGBT dans la vie de l’église.

« J’allais devenir le premier président d’Integrity à rencontrer un évêque président. J’étais un peu nerveux mais je n’avais pas besoin de l’être. L’Évêque Browning m’a donné une accolade affectueuse et s’est assis auprès de moi sur un sofa dans son bureau pendant que nous parlions » nous dit-il. « Une autre première et l’expression de sa vision d’aucun exclu a été d’accepter d’être notre orateur et invité lors à la convention Integrity suivante. Lorsqu’il déclara du haut de la chaire… qu’il se fichait vraiment de ce que pensait la presse, nous avons eu un aperçu de son ardent soutien et de son refus que nous soyons exclus par l’église ».

L’Archevêque Francisco de Assis da Silva, primat de l’Église anglicane épiscopale du Brésil, dit que l’Évêque Browning a légué « un héritage théologique et pastoral précieux à la Communion anglicane en conduisant l’église en toute sécurité, au delà des frontières de tant de questions taboues et difficiles. D’une manière pratique et généreuse il jeta des ponts avec des églises sœurs, à travers la concrétisation de ce qui s’appelle « Partenaires dans la mission ».

L’Archevêque Da Silva dit qu’il était reconnaissant à Browning d’avoir rapproché encore davantage leurs deux provinces qui avaient des relations historiques remontent à 1890, particulièrement à la suite des difficultés que l’Église anglicane épiscopale du Brésil avait connues après avoir obtenu son autonomie de l’Église épiscopale en 1965.

« L’Évêque Browning et l’ancien primat [brésilien] Dom Olavo Ventura Luiz furent à l’origine du renouveau dans les relations entre nos églises, qui pendant un certain temps s’étaient assoupies, et les églises mère et fille reconstruirent leurs relations affectives et historiques » poursuit l’Archevêque da Silva. « Nous voulons exprimer notre gratitude pour la vie et le ministère de l’Évêque Edmond Browning, qui était vraiment le “Berger des brebis”, soutenant tous les baptisés dans leurs ministères et les encourageant à exercer leurs dons ! »

L’Évêque Browning fut installé comme évêque président quelques mois avant que Desmond Tutu ne soit élu archevêque du Cap et il prit sa retraite un an après Desmond Tutu. « Je ne pouvais pas souhaiter autant de soutien de la part d’un ami – au plan personnel et pour notre église – à la hauteur de notre lutte contre l’apartheid » nous dit Desmond Tutu. « Patti (son épouse) et lui ont apporté leur témoignages en faveur de la justice partout, que ce soit en Afrique du Sud, en Palestine, en Amérique centrale ou ailleurs. J’ai eu le privilège de voyager au Nicaragua et au Panama en sa compagnie et celle de, Michael Peers du Canada et Orland Lindsay des Caraïbes lors de moments difficiles pour ces pays et leurs relations avec les États-Unis. Il s’y exprima en faveur de la justice, de la paix et de la démocratie de façon superbe et courageuse.

« Je dois tellement à tellement de gens, et notamment à Ed et Patti. Puisse Ed reposer en paix et s’élever dans la gloire ».

L’Évêque Browning marqua l’histoire en consacrant la Révérende Barbara Harris du Diocèse du Massachusetts première évêque féminine de l’Église épiscopale et de la Communion anglicane.

« La veille au soir avant d’imposer les mains sur la tête de Barbara Harris et de l’ordonner première femme évêque, il émut l’assemblée en disant « ces mains sont prêtes !» dit le Rév. Grieves.

On se souviendra également de l’Évêque Browning pour avoir sensibilisé l’Église épiscopale à l’injustice de l’occupation par Israël, du peuple palestinien, une cause que son épouse Patti avait également soutenue par des visites annuelles en Terre Sainte, poursuit le Rév. Grieves.

Chacun des trois Évêques présidents qui ont succédé à l’Évêque Browning – les Évêques Frank Griswold, Katharine Jefferts Schori et Michael Curry – ont rendu hommage à sa vie et à son ministère dans un communiqué de presse du Bureau des relations publiques de l’Église épiscopale.

« L’Église épiscopale cherche fidèlement à véritablement devenir « une maison de prière pour tous » comme l’a dit Jésus en citant les prophètes hébreux et c’est en effet le cas car l’Évêque Président Browning nous a enseigné que l’église doit être un lieu où il n’y a pas d’exclus » dit l’Évêque Curry, le 27ème Évêque Président, dans le communiqué de presse. « Cet héritage impérissable aide encore à libérer plus d’un captif. C’est la preuve que Dieu n’en a pas encore fini avec nous, car de temps à autre des géants spirituels marchent encore parmi nous en tant que rappels vivants ».

Un grand nombre de condoléances et d’hommages ont été partagés sur les médias sociaux, dont un de la part de, l’ancien évêque auxiliaire pour les forces armées et les ministères fédéraux, George Packard qui a décrit l’Évêque Browning comme « infaillible et fidèle, il nous a conduit à supprimer les barrières, même lorsque nous étions hésitants et manquions de courage et d’amour ».

Le Révérendissime Rév. Steven Charleston, ancien officier d’état-major pour les ministères amérindiens, évêque du Diocèse épiscopal d’Alaska de 1991 à 1996 puis doyen de l’Episcopal Divinity School, dit de lui qu’il était «  véritablement un saint, rempli de vision et de courage ».

L’Évêque avait travaillé pour étendre les ministères de l’église auprès des Amerindiens, formant un comité national novateur composé uniquement de membres autochtones de l’église.

Owanah Anderson de la nation Choctaw et responsable de l’Église épiscopale autochtone, dans l’équipe de l’Évêque Browning, a dit en apprenant son décès, « l’Évêque Browning était le meilleur ami que mon peuple ait jamais eu ».

Le Révérend Grieves poursuivit : « Cela résume probablement le sentiment de la plupart des fidèles de l’église qui ont eu la chance de le connaître ».

L’Évêque Browning « a inspiré notre génération en tant que prêtre missionnaire, évêque international et évêque primat » nous confie Christopher Epting, ancien évêque de l’Iowa qui a siégé au Conseil exécutif avec l’Évêque Browning pendant trois ans. « Lorsqu’il a présidé à ma consécration, ma seule prière était de suivre ses traces. Sa contribution à cette église et à la cause du Christ est immense. Puisse-t-il reposer ce jour dans le paradis de Dieu ».

Bruce Garner d’Integrity ajouta que l’Évêque Browning « se repose maintenant dans le giron de Dieu qui l’a créé, racheté et soutenu durant tout un ministère long et productif. Il a maintenant entendu les paroles « très bien, serviteur bon et fidèle ». Puisse-t-il reposer en paix et s’élever dans la gloire. Puissions-nous réfléchir à cette disparition alors même que nous célébrons un ministère dont nous avons reçu des bienfaits innombrables ».

La nécrologie officielle de Sheryl Kujawa Holbrook, auteur de « Heart of a Pastor, A Life of Edmond Lee Browning », est disponible ici.

L’ENS a rassemblé ici les hommages et les nécrologies en mémoire de l’Évêque Edmond Lee Browning.

— Matthew Davies est rédacteur et journaliste de l’Episcopal News Service.


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